Sa correspondance

Sa correspondance

Les lettres de Marguerite-Marie adressées à sa mère et  à sa sœur Cécile ont été conservées dans les archives familiales, du moins, quelques-unes d’entre elles. Ces lettres témoignent des liens familiaux maintenus pendant l’internement de Marguerite-Marie. À l’exception d’une seule demande de congé d’essai, le dossier est silencieux sur le réseau de parenté actif de Marguerite-Marie. Sa correspondance nous apprend qu’elle était visitée régulièrement.

couverture de livre blanche au premier plan une rose rouge et une tige verte et à l'arrière plan une jeune fille vêtue d'une robe du début du 20e siècle.
Couverture de livre.

Parmi ses visiteurs les plus fidèles, il y a sa mère, ses quatre sœurs et quelques-unes de ses tantes. Marguerite-Marie accueille avec grand plaisir les membres de sa famille après avoir attendu leur venue, comme elle aime le dire, avec courage, patience et espérance.

Les lettres de Marguerite-Marie permettent aussi de percer les mystères entourant ses occupations, ses goûts, ses désirs, ses rêves. Au nombre de ses occupations, pour passer le temps, elle joue aux cartes, soit le bridge, soit le cinq-cents. Elle aime aussi faire des mots croisés et, bien sûr, elle s’adonne à la lecture et à l’écriture : activités qui dépassent largement ses correspondances épistolaires. Âgée de 25 ans, elle réclame à sa sœur Cécile le « best-seller » Mille questions d’étiquettes.

En 1940, Marguerite-Marie trouve une nouvelle façon de passer le temps. Elle s’intéresse maintenant à la sténographie. Sa sœur Cécile lui fait donc parvenir un livre de sténographie, toutefois, Marguerite-Marie laisse poindre une légère déception à la réception de l’ouvrage choisi : « J’ai été bien contente de ce que tu m’as envoyé, mais c’est un livre de sténographie du cours moyen au moins si c’est pas du cours supérieur que j’aurais aimé avoir ». Toutes les lettres de notre corpus qui suivent, présentent quelques mots écrits en sténographie. Un style qu’elle perfectionne et qui semble l’amuser : « Si je t’écrivais en sténographie serais-tu bonne pour deviner ce qui il y a d’écrit. […] De ta sœur qui ne t’oublie pas » Sous cette dernière phrase, Marguerite-Marie réécrit sous chacun des mots – De ta sœur qui ne t’oublie pas – le signe sténographique correspondant.

Le temps long de l’internement et tout l’ennui qui l’accompagne, Marguerite-Marie semble le combler en fuyant dans la lecture du journal La Presse. « Aprésent que tu m’as abonné à la presse j’aurai de quoi pour me mettre l’idée en dehors » écrit-elle à sa sœur Cécile. Se mettre « l’idée en dehors », un moyen de survie que Marguerite-Marie a développé depuis bien longtemps et cela surtout en suivant avec grand intérêt toutes les informations qu’elle pouvait recueillir dans les journaux. Cela semble lui permettre de croire qu’elle n’est pas totalement exclue de la vie mondaine. Elle arrive ainsi à maintenir le fil des nouvelles avec sa famille et à toujours avoir un sujet de conversation lorsqu’elle reçoit des visiteurs.