Une union entre le communautaire et l’académique
En 1987, St-Amand offre un stage visant à étudier la condition des personnes ayant été désinstitutionnalisées. Un budget lui permet ensuite de louer un local pour offrir un lieu de rencontre et de soutien à ces personnes. C’est à ce moment qu’il rencontre LeBlanc, qui fonde le Groupe de support émotionnel et publie le journal Our Voice/Notre Voix. Dans les premiers temps, LeBlanc se fait plutôt discret dans les réunions, mais St-Amand apprécie tout de même sa réflexion critique à l’égard des institutions. Et bien qu’il aurait souhaité que le GSEI se montre plus combattif, St-Amand se réjouit de voir émerger une telle organisation à une époque où il n’existe pas d’autres modèles de regroupements d’ex-psychiatrisés et de défense de leurs droits. Une relation de confiance s’installe peu à peu entre eux. En 1993, ils travaillent ensemble sur un premier projet de recherche sur la satisfaction des personnes psychiatrisées à l’endroit des services qui leur sont offerts. Leurs résultats sont par la suite l’objet d’une présentation à la réunion nationale de l’Association canadienne pour la santé mentale qui se tient à Québec.
Le vécu psychiatrique de LeBlanc et l’expertise académique de St-Amand constituent le socle de leur collaboration entamée à la fin des années 1980, et qui se poursuit toujours aujourd’hui. Pour LeBlanc, les compétences de St-Amand lui ont permis d’ajouter une rigueur analytique et une portée significative à certaines de ses initiatives :
Eugène dit en quoi sa collaboration avec Nérée lui est profitable:
En 2004, LeBlanc propose à St-Amand de raconter l’histoire de la santé mentale au Nouveau-Brunswick, du point de vue de l’expérience des personnes psychiatrisées. Il constate alors que des ouvrages relatant l’histoire de la santé mentale ont été publiés en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan, mais que ceux-ci, malgré leur intérêt, ne présentent le sujet que d’un point de vue institutionnel. St-Amand considère que c’est grâce à LeBlanc, à sa détermination et à son sens de l’organisation qu’ils ont pu écrire le livre. Présentant l’expérience et les témoignages de personnes ayant été psychiatrisées, Osons imaginer : De la folie à la fierté est publié en 2008. Tiré à 900 exemplaires, il s’agit du premier ouvrage d’antipsychiatrie au Canada.
St-Amand se dit inspiré par LeBlanc, qui le pousse à réaliser des projets. Dans un projet mené conjointement, il s’est appliqué à démontrer les liens entre pauvreté et psychiatrie. Reconnaissant que sa collaboration avec LeBlanc lui est bénéfique, St-Amand est toutefois conscient du risque qui le guette de trop tirer profit des ressources qu’il lui offre. Ayant souvent été témoin de l’exploitation du milieu communautaire par le milieu institutionnel, notamment au Québec, St-Amand cherche à s’assurer le plus possible que la relation qui l’unit à LeBlanc soit équitable et mutuellement avantageuse. Étant lui-même du milieu académique, il reconnaît la légitimité des critiques qu’adresse LeBlanc aux académiciens sans pour autant se sentir personnellement vexé par celles-ci. Pardessus tout, il tente d’honorer la précieuse fenêtre que lui offre LeBlanc sur son vécu et celui d’autres personnes psychiatrisées :
Nérée dit en quoi sa collaboration avec Eugène lui est profitable: