Hôpital Saint-Michel-Archangel

Hôpital Saint-Michel-Archangel

Photo en couleurs d'un immense édifice institutionnel en pierres, entouré de bâtiments commerciaux

Remerciements sincères à France-St-Hilaire de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec. Auteur: Dominic Dagenais

Nom(s) de l’institution:

Hôpital Saint-Michel-Archange

Fondé en 1845 sous le nom d’Asile provisoire de Beauport.

Devient en 1850 la Quebec Lunatic Asylum.

Devient en 1865 l’Asile des aliénés de Québec.

Devient en 1912 l’Asile Saint-Michel-Archange.

Devient en 1914 l’Hôpital Saint-Michel-Archange.

Devient en 1976 le Centre hospitalier Robert-Giffard.

Devient en 2009 l’Institut universitaire en santé mentale de Québec

Année d’ouverture:

1845

Lieu:

Beauport (Québec)

Période de désinstitutionnalisation:

1960-1980

Démographie des patients:

Année Total Personnel Année Total Personnel
1845 23 1925 1624
1850 275 beds 1935 2576
1893 958 1945 3701
1909 1480 3 des médecins 1952 4500 1300 personnel
1918 1453 1961 5127*

* Parmi lesquels 15% de personnes ayant une déficience intellectuelle.

Désinstitutionnalisation:

Le dépôt, en 1962, du rapport de la Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques, mieux connue sous le nom de Commission Bédard, donne le coup d’envoi à la désinstitutionnalisation dans les hôpitaux psychiatriques québécois. La Commission propose une modernisation majeure du système psychiatrique québécois, encore largement dominé par le traitement traditionnel, basé sur «la prière, les bonnes paroles, les promesses de récompense, la contrainte physique, la fermeté, les menaces, les punitions et les sanctions» (Bédard, 21). La Commission Castonguay-Nepveu, en 1967, l’adoption de la Loi sur la protection du malade mental, en 1972, puis le dépôt de du rapport Bélanger en 1973, accentueront les réformes structurelles proposées par la Commission Bédard. Les services psychiatriques connaissent une importante régionalisation, multiplication et diversification (Boudreau, 88).

Photo en noir et blanc d'un dortoir
Un des 52 dortoirs que compte l’hôpital avant la désinstitutionnalisation. Ici, celui des femmes de l’unité 2-B, en 1947. Source: Archives—Institut universitaire en santé mentale de Québec.

Le processus de désinstitutionnalisation s’avère toutefois plus complexe dans les hôpitaux-cités que sont Saint-Michel-Archange et Saint-Jean-de-Dieu. Néanmoins, la population interne de l’Hôpital Saint-Michel-Archange connaît une baisse marquée au cours de la décennie, passant de 5 127 résidents en 1962 à 3 219 en 1970. Le nombre d’admissions annuelles passe pour sa part de 1 481 à 571 au cours des mêmes années (Boudreau, 124).

Déjà  en 1963, un service social professionnel, sous la direction de Edda Leczinska, infirmière et travailleuse sociale, voir le jour à Saint-Michel-Archange (Lambert, 101–102).

En 1969, un service de réhabilitation pour toxicomanes est inauguré et admet 160 personnes (Boudreau, 125).Un centre d’accueil et un service des ressources extérieures sont également créées afin d’assurer aux personnes psychiatrisées l’accès à des services thérapeutiques et de soutien en dehors de l’hôpital (Lambert, 115).

En 1970, sur les 1 675 patients libérés de Saint-Michel-Archange, 889 (53%) sont retournés dans leur famille, 48 (2,3%) résident en foyers et 71 (4,2%) séjournent dans d’autres institutions (Boudreau, 127).

Transinstitutionnalisation:

Photo en couleurs d'une maison à l'architecture victorienne en milieu urbain
Le Centre de traitement pour jeunes psychotiques, le 388. Source: Archives—Institut universitaire en santé mentale de Québec.

En 1966, on dénombre 29 foyers affiliés à l’établissement. En 1974, ils sont au nombre de 39 et accueillent un total de 237 patients. On compte aussi alors 95 foyers de pension surveillée où logent 271 personnes (Lambert, 103). Les foyers affiliés s’avèrent toutefois trop peu nombreux pour répondre aux besoins.

Des cliniques externes affiliées à l’Hôpital Saint-Michel-Archange, comme le 388, centre de traitement psychanalytique pour personnes psychotiques, voient aussi le jour.

De la thérapie par le travail à l’ergothérapie :

Photo en noir et blanc d'un groupe d'hommes en train de vernir des chaises dans un atelier
Atelier de menuiserie. Source: Archives—Institut universitaire en santé mentale de Québec.

En 1922, 430 patients travaillent du matin au soir dans différents corps de métiers (Lambert, 50). Au début des années 1960, 2 480 patients de l’hôpital sont assignés à un travail : cuisine, entretien ménager, soins vestimentaires, ferme, etc. Dans le rapport de la Commission Bédard, on mentionne que «cette forme d’Activités qui est à différencier de la thérapie d’occupation n’a pas, à notre avis, la valeur thérapeutique qu’elle devrait avoir. C’est plutôt l’officière du département qui fait le choix des malades et l’on tient plus compte de l’efficacité de ceux-ci que du besoin thérapeutique (Wallot, 200).

Photo en noir et blanc d'une femme décorant un bonhomme de neige
Concours de sculpture sur neige. Source: Lambert, Mille fenêtres.

Au cours des années 1960, l’hôpital met en place différentes activités à des fins d’occupation thérapeutique (ergothérapie, thérapie industrielle, loisirs). Une équipe de 26 femmes, diplômées en sciences familiales, organise pour les patientes des ateliers de couture, tricot, broderie, peinture et fabrication de bibelots. Des cours de cuisine sont également donnés. Dans la section des hommes, on offre désormais des ateliers d’initiation à la sculpture sur bois, à la céramique, au cuir et à l’étain repoussés, à l’embossage, à la peinture à l’huile, au tissage, au crochetage de tapis, au montage de colliers. Des activités sportives sont également organisées, parmi lesquelles des olympiades annuelles. Des ateliers de chant et de musique s’ajoutent aussi à l’offre d’activités au cours de la même décennie (Lambert, 107–108).

Du patient à la personne:

À partir de 1965, des patients participent à la rédaction et à l’édition d’un journal, La Brèch.

Le personnel durant la période de désinstitutionnalisation:

Photo en noir et blanc représentant une religieuse s'adressant à une classe composée de femmes en tenue d'infirmière et de femmes en tenue de religieuse
Cours de psychiatrie à l’École des infirmières de l’Hôpital Saint-Michel-Archange, en 1956.
Source: Archives—Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval.

L’hôpital compte en 1956 1 147 membres du personnel, parmi lesquels 210 religieuses, 50 médecins spécialistes consultants et étudiants de 5e année en médecine, 49 infirmiers et infirmières en psychiatrie, 51 infirmiers et infirmières gradués, 63 étudiants infirmières ou affiliées, 30 infirmières et un infirmier religieux ayant suivi le cours de perfectionnement en psychiatrie, 486 surveillants et surveillantes, 5 aumôniers, une dizaine de techniciens, 2 psychologues, un photographe, 13 employés de bureau, un ingénieur et des membres de différents corps de métier. Le rapport Bédard considère qu’il faudrait quadrupler le nombre de psychiatres, multiplier par quinze l’unique psychologue, par dix les travailleurs sociaux, par quatre le nombre d’infirmières, en plus d’embaucher 20 thérapeutes d’occupation et 1000 préposés aux malades.

En 1965, 12 psychologues travaillent à l’hôpital. Le département de psychologie de l’hôpital devient alors un endroit de stage et d’internat en psychologie pour les étudiants de psychologie des universités Laval, d’Ottawa et de Moncton.

Créé en 1963, le service social professionnel est composé l’année suivante de six stagiaires, trois professeurs de l’École du service social de l’Université Laval et de quatre travailleurs sociaux à plein temps. Au cours de l’année 1965, le service social engage dix travailleurs sociaux, portant à 17 le nombre de membres de l’équipe.

Pour sa part, le personnel infirmier continue d’augmenter au cours des années 1960. À la fin de l’année 1965, on dénombre 269 infirmières et infirmiers diplômés. L’année suivante, ce nombre atteint 294, auquel s’ajoutent 77 infirmières et infirmiers auxiliaires. En 1967, l’hôpital compte 1 718 personnes affectées aux soins infirmiers.

L’intégration en 1971 des cours de soins infirmiers au programme des cégeps entraîne la fermeture de l’École des infirmières de l’Hôpital Saint-Michel-Archange, qui avait jusqu’alors formé 694 personnes. Pour leur part, les Écoles de neuropsychiatrie et l’École des gardes-malades auxiliaires ont formé respectivement 551 et 240 étudiants.

Bibliographie:

Bédard, Dominique, et al. Rapport de la Commission d’études des hôpitaux psychiatriques. Québec: Ministère de la santé, 1962.
https://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/sante_mentale/download.php?f=f8571bc8ed9d19dc9a35c6bcdc18d293

Boudreau, Françoise. De l’asile à la santé mentale : les soins psychiatriques : histoire et institutions. 2e édition. Montréal: Éditions Saint-Martin, [1984] 2003.

Fleury, Marie-Josée, et Guy Grenier. «Historique et enjeux du système de santé mentale québécois.» Ruptures, revue transdisciplinaire en santé vol. 10, n° 1 (2004): 21–38.

Lambert, Jules. Mille fenêtres. Beauport: Centre hospitalier Robert-Giffard, 1995.

Lecomte, Yves. «De la dynamique des politiques de désinstitutionnalisation au Québec.» Santé mentale au Québec vol. 22, n° 2 (1997): 7–24.

Wallot, Hubert. La danse du fou entre la compassion et l’oubli : Survol de l’histoire organisationnelle de la prise en charge de la folie au Québec depuis les origines jusqu’à nos jours. Beauport: Beauport Publications MNH, 1998.