Une interprétation alternative
Créé en réaction au modèle psychiatrique institutionnel, Solidarité-Psychiatrie propose une interprétation alternative de la folie. Inspiré notamment des théories de Donald Woods Winnicott et de Maud Mannoni, Solidarité-Psychiatrie ne conçoit pas la psychose comme une maladie, mais plutôt « comme une tentative de dégel d’une situation gelée ». Ce faisant, le regroupement invite à « voir la folie dans sa positivité pour que la personne puisse au moins avoir l’occasion de la rendre plus vivable, plus créatrice ». Il considère que l’institution psychiatrique tend à faire de son personnel des surveillants et que leurs interventions, plutôt que de favoriser une réelle émancipation du patient, ont davantage pour fonction d’entretenir son processus d’aliénation. Se constituant à l’écart du système psychiatrique, Solidarité-Psychiatrie rejette la hiérarchie institutionnelle et estime que chaque membre peut être à la fois un aidant et un aidé. Bien qu’il se montre très critique à l’endroit de la psychiatrie, le regroupement ne nie pas la souffrance mentale ni le délire pouvant l’accompagner. Cela dit, il déplore le traitement qu’en fait l’institution, de même que les fréquents abus de pouvoir commis par différents membres de l’entourage de la personne touchée. Solidarité-Psychiatrie cherche également à favoriser la diffusion du point de vue de ses membres sur les questions liées à la folie et aux réponses proposées par la société. Dans les médias et lors d’évènements réunissant des organismes œuvrant en santé mentale, des porte-paroles font valoir les positions du groupe et tentent de sensibiliser la population et les intervenants aux préoccupations de ses membres. Des liens sont également tissés avec différents regroupements de survivors au Canada et aux États-Unis.
Solidarité-Psychiatrie n’aspire pas à être un groupe de thérapie. Il se veut avant tout un cercle d’entraide offrant aux personnes touchées d’une manière ou d’une autre par la folie la possibilité de se réunir, d’échanger, de se mobiliser et de créer dans un climat de solidarité et d’inclusion. Pour l’organisme, l’entraide constitue ainsi un moyen de donner un sens positif à la folie. Ses membres s’offrent mutuellement différents services : aide à la recherche d’emploi, participation à des activités sportives et culturelles, séjour à la campagne, cuisine, aide à la recherche d’un appartement, éducation populaire, paiement du loyer et entretien ménager du logement d’un membre hospitalisé, etc. Solidarité-Psychiatrie veut en somme briser l’isolement et combattre les silences et les tabous autour de la folie.