Une évolution cyclique
Soucieux de permettre à l’ensemble de ses membres de se faire entendre, Solidarité-Psychiatrie cherche constamment à harmoniser les divergences et résoudre les conflits internes. Après les premières années d’effervescence, un certain essoufflement se fait rapidement sentir. Peu à peu au milieu des années 1980, plusieurs des membres fondateurs quittent le groupe. Les ateliers qui s’étaient jusqu’alors multipliés voient leur fréquentation diminuer. De plus, deux grandes tendances divisent les membres : l’une préconise surtout le soutien et le dépannage, alors que l’autre est davantage axée sur la mobilisation et la défense des droits. Malgré la volonté du groupe d’établir des relations exemptes de hiérarchie entre ses membres, certaines problématiques présentes au local, notamment la consommation d’alcool et de drogues qui engendrent certains comportements violents, amènent l’administration à instaurer des règlements plus rigides. L’embauche de coordonnateurs salariés suscite également les critiques de certains membres qui y voient une distinction entre les personnes travaillant à l’administration et les autres. La mauvaise gestion budgétaire met également le groupe à rude épreuve.
Un article de La Press de 1985 sur l’organisation.
Malgré tout, Solidarité-Psychiatrie connait une évolution cyclique. Les restructurations et la mise en branle de nouveaux projets succèdent aux périodes de crise et l’arrivée de nouveaux membres vient souvent redynamiser le groupe. Parmi les différentes initiatives mises de l’avant afin de donner un nouvel élan à l’organisme, soulignons le déménagement vers un local de la rue Beaubien en 1988, la réalisation du documentaire Clef de Sol : « Fougères » en RÉ majeur en 1990, la mise sur pied d’un casse-croûte communautaire, de même que la tenue de mini-colloques en 1994 et 1996. De l’avis même de certains membres plus critiques, Solidarité-Psychiatrie reste un organisme unique, offrant aux personnes psychiatrisées une liberté sans équivalent ailleurs au Québec. Malgré les inévitables dissensions que cela implique, l’organisme essai toujours de permettre à chacun de s’exprimer et de remettre en question les décisions du groupe.
Rebaptisé Solidarité alternative en santé mentale en 1998, le regroupement poursuit sa mission jusqu’en 2007, au moment où une ultime crise interne doublée de difficultés financières lui assigne le coup de grâce mettant définitivement fin à ses activités.