Des projets artistiques

Des projets artistiques

Dès les mois suivant la création du regroupement, des membres ont pour projet de recueillir le récit de leurs expériences et réflexions. Différents témoignages et poèmes sont ainsi mis à l’écrit et une pièce de théâtre, illustrant l’expérience sociale et institutionnelle des personnes étiquetées comme folles, est mise en chantier. Son scénario est complété l’année suivante et la pièce, intitulée Pas si fou d’être fou, est ensuite jouée devant le public. Écrite et interprétée par des personnes psychiatrisées, elle met en scène différentes situations relatives à l’internement et aux conséquences sociales de la psychiatrisation.

book cover with Solidarité-Psychiatrie-La-folie-comme-de-raison written on itLes premières années de Solidarité-Psychiatrie sont marquées par une effervescence remarquable se traduisant par la multiplication de projets artistiques. Un atelier d’écriture est mis sur pied et aboutit à la publication, aux éditions VLB, du livre La Folie comme de raison; un collectif d’une vingtaine d’auteurs qui regroupe des textes autour du thème de la folie. Écrits en prose ou en vers, ces textes témoignent de diverses expériences vécues par des personnes ayant été psychiatrisées. L’ouvrage cherche à rompre le silence et combattre les tabous autour de la santé mentale et de la psychiatrisation. Pour ses auteurs, il se veut également un moyen de s’affranchir de cette souffrance qui constitue le point de départ du projet : « Pour quitter la souffrance, la libérer un peu, il aura fallu partir d’elle, l’écrire et la décrire depuis le séjour que nous avions fait auprès d’elle ou en elle ». Aussi, il constitue une occasion privilégiée de faire connaître un point de vue autre que celui des institutions, de « communiquer au lecteur l’autre côté de la médaille et peut-être un peu plus nous l’espérons, certainement une autre version des faits que celle présentée par la psychiatrie officielle et reprise de façon tout à fait irréfléchie par les mass-média ». Le livre connaît une diffusion appréciable et trouve un écho dans la presse.

Solidarité-Psychiatrie, La folie comme de raison : Histoires vraies, Montréal, VLB Éditeur, 1984, 246 p.

Publié en 1984, le livre La Folie comme de raison regroupe les récits écrits par une vingtaine de membres de Solidarité-Psychiatrie. Parfois poétiques, parfois narratifs, ces courts textes évoquent différentes expériences et émotions vécues par les personnes psychiatrisées; qu’il s’agisse de leurs rapports avec l’institution psychiatrique, avec leur entourage et avec la société, ou encore de leur cheminement personnel.

Film Clef de Sol : « Fougères » en RÉ majeur (1990)

Partie 1                              Partie 2

Le film Clef de Sol : « Fougères » en RÉ majeur est un documentaire produit par Solidarité-Psychiatrie en 1990. Il présente un portrait d’ensemble de l’organisme en accordant la parole à ses membres. Ceux-ci y expriment ce que leur apporte leur participation au collectif et décrivent la nature des relations qu’ils y entretiennent. Tourné au local de la rue Beaubien, ce court-métrage  offre une fenêtre sur la vie quotidienne à Solidarité-Psychiatrie.

Un projet de film voit également le jour. La cinéaste Jacqueline Levitin, alors professeure à l’Université Concordia, approche le groupe après avoir assisté à une de ses représentations théâtrales. Une collaboration s’installe alors et mène à la création d’un atelier de théâtre et de vidéo destiné à la réalisation d’un film. Les personnes intéressées par le projet œuvrent à l’élaboration du scénario et choisissent les thèmes à aborder. Après neuf mois à travailler les scènes, le groupe s’installe dans une maison de campagne pour une fin de semaine afin d’y tourner le film. Mi-fiction, mi-documentaire, Pas fou comme on le pense offre un regard alternatif sur la santé mentale. Il présente le point de vue de personnes psychiatrisées qui s’expriment librement sur leur réalité à travers la mise en scène de situations vécues témoignant de leur expérience. Bien que réalisé en collaboration avec la cinéaste Levitin, le film est avant tout celui des participants qui ont décidé des thèmes, du scénario et de sa mise en scène. Les échanges spontanés entre les membres alternent avec des scènes de fiction qui traduisent différentes expériences et sentiments vécus. Ces scènes semi-fictives offrent aux participants un moyen de partager librement leur point de vue à l’abri de l’interférence du milieu institutionnel. Prenant l’affiche à l’Autre Cinéma en octobre 1984, le film reçut un accueil très favorable.

En 1983, certains membres du groupe mettent sur pied un comité responsable de la parution du journal Le Crapet-Soleil. Paraissant sur une base bimensuelle, cette publication présente à la fois des textes littéraires et diverses informations sur les activités de l’organisme. Divers ateliers axés sur la couture, la danse, les arts plastiques, le chant, la musique, la relaxation et la croissance personnelle viennent également s’ajouter à ceux d’écriture et de théâtre. Un atelier de conscientisation voit également le jour et connaît une popularité considérable. Intitulé « Rencontre autour d’la folie », il se veut un espace de réflexion et d’échanges visant à démystifier la folie, revendiquer le droit à la différence, et critiquer les diverses figures de l’oppression. Enfin, un Groupe de Support et un Comité-Droit sont mis sur pied afin de faciliter l’entraide entre les membres et les informer sur les lois et les droits relatifs au logement, au revenu, à la santé mentale, au chômage, etc.