Riverview

Riverview

Façade imposante d’un bâtiment institutionnel en brique, avec des voitures des années 1950 stationnées devant

Remerciements à : Anna Tremere et Geertje Boschma pour l'aide inestmable àla recherche et àMark Faviell et al Riverview Historical Society pour le généreux partage des images d'archives de Riverview.  Auteure : Megan Davies

 

 

 

Nom(s) de l’institution:

Hospital for the Mind at Mount Coquitlam (1913)

Essondale Hospital (renommé en 1913)

Riverview Hospital (renommé en 1965)

Année d’ouverture

1er avril 1913

Lieu

Coquitlam, Colombie Britanique

Période de désinstitutionalisation

1955-1975

Démographie des patients:

Année Essondale/Riverview Clinique Crease
1954 3,484 215
1955 3,419 267
1959 3,279 241
1963 2,740 229
1965 2,689 (257)* 229
1968 2,683**

* En 1965, on commença à loger des personnes en pension, comme le démontre les chiffres entre parenthèses.
** Pour 1968, Riverview comprend les données de Crease Clinic.

Désinstitutionalisation:

Reconnaissant qu’on continuerait à recourir à de longs séjours dans des hôpitaux comme Essondale, le rapport annuel de 1950 des nouveaux Services provinciaux pour la santé mentale de la Colombie Britannique (BC Provincial Mental Health Services) déclara qu’à l’avenir les politiques devraient se tourner vers «  des traitements de plus en plus précoces pour éviter aux patients de faire face à des traitements de longue durée dans les services de soins psychiatriques» et vers « la réduction de la surpopulation » dans les services existants. F.G. Tucker, qui débuta sa carrière à Essondale en 1953 comme médecin en résidence, devint directeur de la Crease Clinic en 1959, puis occupa le poste de Directeur adjoint des Services de santé mentale quatre ans plus tard. Tucker devint un homme clé dans la mise en œuvre de la désinstitutionalisation.

Façade avant d’un imposant bâtiment institutionnel
Fondée en 1951, la Crease Clinic representait une avancée vers le traitment des patients en dehors de l’hôpital. (Société historique de Riverview)

L’ouverture, en 1951, de la Crease Clinic (considérée comme le nec plus ultra des soins psychiatriques à l’époque) à Essondale faisait partie d’une plus grande stratégie visant à promouvoir les séjours de courte durée et des soins hors de l’hôpital, en soulignant l’importance du rétablissement et de la réhabilitation en quelques mois d’hospitalisation. On introduit des nouveaux traitements psychiatriques comme la chlorpromazine pour les patients à Essondale en 1954. Un esprit de coopération dans le Centre de psychiatrie de la nouvelle école médicale de UBC fit de la nouvelle clinique une partie prenante d’un programme plus vaste de recherche scientifique et de formation professionnelle. À partir du milieu des années 1960, les étudiants de dernière année de licence de psychologie de UBC firent leur stage à Essondale.

En 1964, une nouvelle Loi sur la santé mentale (Mental Health Act), fusionnant cinq lois antérieures, entra en vigueur le 1er avril 1965 et entraina la fusion de la Crease Clinic et de l’Hôpital Provincial d’Essondale. Le nouvel établissement pris le nom d’Hôpital de Riverview (Riverview Hospital). Conçu pour s’harmoniser avec plusieurs nouveaux agendas politiques, la nouvelle loi rendit possible des séjours de courte durée, le traitement volontaire, ainsi que le développement de services de santé mentale de proximité.

Le Conseil d’administration de Hôpital de Riverview, créé par le gouvernement provincial en 1972, forma immédiatement un comité chargé de planifier la fermeture de l’hôpital dans les cinq années à venir. Le rapport de 1973 du Dr. Richard G. Foulkes, intitulé Sécurité et santé pour les habitants de la Colombie Britannique (Health Security for British Columbians), dressait un portrait accablant de Riverview et préconisa sa fermeture immédiate, ce qui ne se produisit pas. L’hôpital mit toutefois en place un Projet de traitement à domicile pendant cette période et élargit le déplacement de patients vers les pensions communautaires à travers des programmes de réhabilitation institutionnelle.

En 1979, la province amorça un processus de réévaluation de l’efficacité des soins institutionnels, poussée par des patients/usagers de plus en plus impliqués, et avec une population de patients à Riverview réduite à 1100. L’Étude sur la planification de la santé mentale (Mental Health Planning Survey)  menée cette même année fit état de problèmes relatifs à la centralisation, aux transferts de patients et aux procédures de comptabilité. À partir du milieu des années 1980, on commença à réduire la taille de Riverview et des idéaux de réhabilitation renouvelés et élargis contribuèrent à façonner l’agenda politique du Nouveau rapport de consultation en santé mentale : Un plan préliminaire pour remplacer l’Hôpital de Riverview (New Mental Health Consultation Report: A Draft Plan to Replace Riverview Hospital) de 1987.

En 1986, un nouveau Centre familial fut ouvert dans le bâtiment Tuck Shop pour permettre aux familles de la communauté de Riverview de s’impliquer et de favoriser une meilleure compréhension des problèmes liés à la santé mentale. Au début des années 1990, on mit en place un programme visant à créer des liens entre les patients, le public et les services de communauté, ainsi que des petites maisons sur les terrains de l’hôpital pour en faire des habitations semi-autonomes pour les patients transférés de l’institution à la communauté. En 1996, on créa le Programme de réhabilitation psycho-sociale afin de favoriser l’implication des patients et des familles dans la planification du traitement et l’adaptation à la vie en communauté.

Au cours des 20 dernières années, Riverview a servi de lieu de tournage de prédilection pour des séries télévisées et des films, comme X-Files, Battlestar Galactica, Elf et Smallville, ainsi que, selon certains dires, la culture de cannabis. À partir des années 1980, on ferma les principaux bâtiments du site de Riverview : West Lawn en 1983 ; Crease Clinic en 1992 ; East Lawn en 2005; North Lawn en 2007. Riverview fut officiellement fermé en juillet 2012, mais une controverse persiste autour de sa fermeture. Trois petits bâtiments ouverts récemment et gérés par Fraser Health sont encore en activité sur le site de Riverview : Connolly Lodge (2001), Cottonwood Lodge (2006) et Cypress (2008.)

Édifice institutionnel qui ressemble ayant la forme d’un bloc d’appartements blanc de deux étages
Le complexe de Psychiatrie gériatrique de Valleyview (Valleyview Geriatric Psychiatry) fut ouvert en 1959, remplaçant l’ancienne Maison pour les personnes âgées sur le site d’Essondale. (Société historique de Riverview)

Une spécialisation accrue en traitement de la maladie mentale sur le site de Coquitlam était une particularité institutionnelle de la période de désinstitutionalisation à Essondale. En 1959, on ouvrit un nouveau complexe de 328 lits à Valleyview pour les patients souffrant de maladies mentales gériatriques. Ce complexe fit également office de centre de recherche et de traitement d’un système provincial. Des « succursales » plus petites virent le jour à Terrace (Skeenaview) dans le nord de la province et dans la communauté Okanagan de Vernon (Dellview). En 1965, le bâtiment de Riverside à Colony Farm fut transformé en complexe à sécurité maximale, avec une section séparée pour le traitement d’alcooliques chroniques. Au milieu des années 1970, la Commission de service psychiatrique légiste fut mise en place pour traiter les patients souffrant de blessures cérébrales, en utilisant l’espace de la Crease Clinic et les bâtiments de North Lawn et South Lawn.

Transinstitutionalisation:

Essondale faisait partie d’une des premières tentatives de désinstitutionalisation pour les patientes. La Maison New Vista pour femmes (New Vista Home for Women), mise en place dans les années 1940 par Ernest Winch (un membre CCF de la législature de Colombie Britannique), proposa le logement et le soutien à des dizaines de patientes. Le gouvernement provincial prit en charge le complexe en 1947. Durant les années 50, parmi les organisations caritatives pour hommes qui allaient se retrouver prises en charge par la communauté, avant leur réinsertion dans le monde du travail, on trouvait le logement de courte durée du YMCA et l’auberge de jeunesse de l’Armée du Salut. En 1965, le gouvernement mit en place un nouveau programme de pension, destiné à étendre ses services à toute la province et à « libérer plus de lits dans des institutions provinciales et de renvoyer les patients dans leur communauté. »

Alder Lodge fut ouverte à Coquitlam en 1969. Il s’agissait d’une structure d’accueil d’une capacité de 50 patients pour assurer la transition vers la communauté, qui vint à remplacer le YMCA et les dortoirs de l’Armée du Salut, et qui fonctionnait à une échelle plus grande et était mieux organisée. En 1970, la Lodge commença à renvoyer ses patients dans des foyers et au sein de la communauté. Dans les années 1970, Vista, ainsi que Venture, un foyer d’urgence pour homme d’une capacité de 10 lits, faisait partie des Services de santé mentale du Grand Vancouver (Greater Vancouver Mental Health Service) (SSMGV). En 1974, le programme de pension pouvait accueillir 1 700 personnes dans 280 services, un chiffre prenant en compte les personnes présentant des troubles d’apprentissage.

En 1915, la mise en place d’un service de psychiatrie à l’Hôpital général de Vancouver (Vancouver General Hospital) (HGV) constitua une autre initiative des débuts de la transinstitutionnalisation à Vancouver. Le rapport annuel du VGH de 1945 démontrait que le vieux Bâtiment X, un ancien service de traitement de la tuberculose, était un site de pratique de la psychiatrie moderne. Soutenue par les arrangements d’après-guerre de partage des coûts fédéraux, la Colombie Britannique s’empressa de créer des services psychiatriques dans les hôpitaux généralistes. Lorsque l’Hôpital de l’Université de Colombie Britannique fut ouvert en 1968, on y trouvait un service psychiatrique dans le Pavillon Detwiller.

Édifice institutionnel des années 1950, à trois étages, avec des voitures stationnées devant
Le Centre de santé mentale de Burnaby fut ouvert en 1957 et proposait des soins psychiatriques hors de l’hôpital. (Société historique de Riverview)

Le premier centre psychiatrique de communauté de la province fut ouvert à Burnaby en 1957. Le Centre psychiatrique (Mental Health Centre) (Burnaby) proposait des traitements hors de l’hôpital, avec pour but la « prévention de leur entrée en hôpital psychiatrique, » un club géré par des bénévoles de l’Association canadienne pour la santé mentale, ainsi que le suivi de patients qui avaient été hospitalisés. Les équipes psychiatriques de la communauté faisaient parties du « Plan Vancouver » (“Vancouver Plan”) de 1972. Ce plan exhaustif et uniformisé, initialisé par John Cummings, proposait des services communautaires pour les personnes souffrant de graves problèmes mentaux. En 1974, on trouvait neuf équipes pluridisciplinaires des SSMGV à Vancouver et Richmond, travaillant dans des services desservis par les transports en commun et proposant des services des consultations sans rendez-vous, du café gratuit et des conseils pour réussir à trouver sa place dans la vie hors de l’hôpital. Ces équipes des SSMGV, de natures peu orthodoxes, collaboraient avec des groupes communautaires tels que la Coast Foundation et la radicale Association des patients psychiatriques (Mental Patients Association) (APP), pour proposer des services d’urgence en dehors des horaires et un programme de prévention du suicide. Au milieu des années 1970, on trouvait 30 cliniques psychiatriques en service dans différentes régions de la province, proposant des services de consultation hors de l’hôpital et faisant de la prévention psychiatrique une priorité.

L’APP link to exhibit] fut formée à Vancouver en 1971, comme mouvement populaire et comme réponse utopiste à la désinstitutionalisation et aux lacunes majeures dans les services psychiatriques communautaires. Élargissant rapidement ses activités, elle proposa bientôt du logement en cohabitation, de l’emploi et un centre d’accueil sans rendez-vous très dynamique. Au cours des années 1970, la Coast Foundation de Vancouver étendit également ses activités pour s’occuper du logement, administrant plusieurs appartements et des maisons quasi autonomes avec un responsable à la journée et une cuisine commune. La Coast comme l’APP parvinrent à se faire une place sur le marché de l’immobilier et étendirent leurs offres immobilières dans le contexte inflationniste de la fin des années 1970 grâce à des prêts sans intérêts de la Société canadienne de prêts immobiliers. Influencée par le modèle de l’APP et les concepts émergents de vie en communauté, la « Pioneer Lodge » de New Westminster ouvrit en 1980, grâce à une coalition de patients de Riverview, de bénévoles et d’infirmières.

De la thérapie par le travail à l’ergothérapie:

Photo ancienne de trois hommes récoltant des choux
Récolte de choux à Colony Farm durant l’entre-deux-guerres, une forme de thérapie par le travail. (Société historique de Riverview)

Le travail des patients représentait toujours une part essentielle de l’économie institutionnelle de Riverview. En effet, les patients devaient défricher le site d’origine en 1908 et 1909. En visite en 1918, C.K. Clarke, du Comité national canadien pour la santé mentale (Canadian National Committee for Mental Hygiene), déclara : « toute l’histoire de cette institution, si brève soit-elle, constitue un récit continu des usages vers lesquels les tâches des patients peuvent légitimement être dirigées. » Le potentiel fiscal du travail des patients s’accordait parfaitement avec la notion selon laquelle le travail constitue la meilleure forme de thérapie (d’où le nom de « thérapie par le travail »). Les patientes s’occupaient du ménage, la mise en boite, la lessive, le jardinage et la couture. Les patients travaillaient dans les services, dans le jardin, sur le terrain et s’occupaient des champs et du labeur de la Colony Farm en pleine expansion, considérée dans les années 1920 comme une des meilleures entreprises de ferme de l’ouest du Canada. La Colony Farm cessa d’exister en 1983.

Photo ancienne d'une femme coiffant un homme dans un salon de coiffure
Dans les 1950, dans un souci de développer les compétences professionnelles des patients, l’ergothérapie succéda à la thérapie par le travail. (Société historique de Riverview)

Remplaçant le travail non-rémunéré de la « thérapie par le travail », l’ergothérapie commença à jouer un rôle dans la réhabilitation des patients. Les rapports annuels du début des années 1950 relatent les succès et échecs du programme de réinsertion professionnelle dans le service des hommes du Département de réhabilitation d’Essondale, considéré comme un projet prototype dans ce domaine. En 1950, une moyenne de 106 patients se rendait à des ateliers d’ergothérapie à Riverview chaque jour, s’adonnant à des activités comme la broderie, la menuiserie, le travail du cuir et du métal, ainsi que le tissage, la peinture et la poterie. Le Bâtiment de thérapie industrielle à Essondale fut construit en 1963 au coût de $505.000, avec comme objectif la formation de patients, afin qu’ils puissent reprendre leur vie au sein de la communauté comme travailleurs qualifiés. Les patients se rendaient à des cours de fabrication d’armoires, de rembourrage de chaises, de finition de meubles, de travail du métal, d’imprimerie, d’électronique, de couture et de confection de chaussures. En 1987, les patients de Riverview qui prenaient part aux programmes de développement des compétences vocationnelles recevaient une « indemnité de motivation » de 15$ par semaine au début, puis de 180$ par mois au bout d’un certain temps.

Du patient à la personne:

Une du magazine «The Leader», de juin 1969, avec un dessin représentant des gens jouant au baseball dans un parc
The Leader, June 1962: Une voix pour les patients d’Essondale de 1947. (Société historique de Riverview)

La lettre d’information d’Essondale, The Leader, fut distribuée pour la première fois en 1947 et sa publication se poursuivit pendant les 30 années suivantes sous diverses formes. Tout comme les publications institutionnelles similaires dans tout le Canada, The Leader informait les patients, le personnel et les familles des activités institutionnelles et de l’actualité, en plus d’offrir une tribune aux patients afin qu’ils puissent s’exprimer à travers la poésie, le dessin et l’écriture.

Le fonctionnement de la Crease Clinic, créée en 1951, se faisait sous le contrôle d’un système légal indépendant pour ses entrées, ce qui permettait aux patients de rentrer dans le service de leur propre chef et de mettre un terme à leur traitement à tout moment. Cette politique était motivée par une volonté de dé-stigmatisation des problèmes de santé mentale, en les présentant comme quelque chose de similaire à la maladie physique, encourageant ainsi les personnes à se faire aider pendant les premiers temps d’une crise de santé mentale.

Édifice institutionnel austère, avec très peu de fenêtres, avec les mots «Pennington Hall» sur le haut de la façade
Pennington Hall, ouvert en 1950, devint un centre pour les activités sociales et récréatives sur le site d’Essondale et de Riverview. (Société historique de Riverview)

Dans les années 1950, les patients d’Essondale pouvaient prendre part à de nombreuses activités récréatives réservées aux Canadiens qui ne résidaient pas dans un hôpital psychiatrique : le tennis, le bowling, la danse hebdomadaire, la natation, le théâtre, les jeux de société, le bingo et la journée annuelle du sport. Beaucoup de ces activités se tenaient au Pennington Hall, un bâtiment discret ouvert en 1950 sur le site d’Essondale et qui accueillait un gymnase, un café, un théâtre et un bowling. Pennington Hall demeura le centre social de Riverview à travers la période de désinstitutionalisation.

Trois hommes devant un comptoir et un homme derrière, qui sert des boissons
La « Thérapie du bar » (“Pub Therapy”) du Longhorn Saloon : une expérience radicale à Riverview au milieu des années 1970. (Société historique de Riverview)

En 1973, on expérimenta la « thérapie par le bar », une thérapie hebdomadaire avec des boissons alcoolisées, dans un cadre western (le « Longhorn Saloon ») dans le bâtiment F1 du East Lawn (bâtiment des hommes). Comprenant des patients et des patientes, le saloon était censé inciter les patients marginalisés à prendre part à des activités sociales et à apporter à l’institution des éléments de vie ordinaire en communauté.

Alors que la désinstitutionalisation prenait de l’ampleur, on cherchait, en même temps, à tout mettre en œuvre pour transformer les patients en « citoyens responsables ». À partir du début des années 1960, les programmes de réhabilitation à Essondale cherchaient à promouvoir les services ouverts et les rencontres ouvertes au public pour donner plus de liberté et pour illustrer la notion de participation démocratique.

En 1977, un Programme de droit de la santé mentale (Mental Health Law Program) fut mis en place pour dispenser des conseils juridiques et représenter les personnes qui avaient été enfermées contre leur gré sous la Loi sur la santé mentale de la Colombie-Britannique. Ce programme proposa des panels composés d’un président, d’un docteur et d’un représentant des patients et devint un marqueur à la fois réel et symbolique des droits des patients à Riverview. Dix ans plus tard, les patients qui résidaient dans les services psychiatriques reçurent le droit de vote aux élections fédérales.

Pendant les années 1993 et 1994, le Bureau du médiateur de la Colombie-Britannique (BC Office of the Ombudsperson) réalisa une enquête exhaustive portant sur les griefs des patients, familles et de la communauté relatifs à Riverview. Suite à la publication du rapport Listening: A Review of Riverview Hospital, la communauté institutionnelle mit en place une Politique de sexualité des patients et une Chartre des droits des patients, qui constituaient des innovations canadiennes pour un hôpital psychiatrique.

Le personnel durant la période de désinstitutionnalisation:

Photo de graduation d'infirmières des années 1960 tenant des bouquets de fleurs
Des infirmières diplômées en 1967, six ans avant que le programme ne soit transféré hors du site. (Société historique de Riverview)

L’utilisation d’Essondale comme lieu de formation pour les infirmières atteint son apogée dans les années 1950, au moment où la population de patients est à son maximum. En 1953, plus de 200 infirmières reçurent leur diplôme de l’Ecole d’infirmerie d’Essondale, qui proposait l’apprentissage en salle de classe et des mises en situations pratiques dans les services aux patients. Mais la tendance, dans cette période de la désinstitutionalisation, était de mettre un terme à la formation des infirmières dans ce lieu.

En 1973, le programme d’infirmerie de Riverview fut transféré au British Columbia Institute of Technology et les dernières infirmières psychiatriques reçurent leurs diplômes de Riverview. La perte des infirmières en formation fut immédiatement ressentie parmi les patients.

Le champ de spécialisation des praticiens en psychiatrie exigé par Riverview se diversifia avec l’avènement de la psychiatrie communautaire. De plus en plus, une équipe d’infirmières, d’ergothérapeutes et de thérapeutes récréatifs était considérée comme fondamentale pour réduire les séjours à l’hôpital et permettre la transition des patients vers la communauté. Dans les rapports annuels provinciaux des services psychiatriques de la fin des années 1950, les ergothérapeutes femmes étaient considérées comme responsables  du développement de la sociabilité, de la motivation, de la concentration et de la productivité parmi les patients, mais les infirmières étaient aussi sensées s’engager activement dans ce travail. On déconseilla au personnel de Riverview de porter des uniformes afin de minimiser la distance entre les patients et le personnel chargé des soins.

En mars 1959, les membres d’Essondale de l’Association des employés du gouvernement de la Colombie-Britannique se mirent en grève pendant quatre heures pour revendiquer des droits à la négociation. Les infirmières empêchèrent d’autres praticiens d’atteindre le site de Riverview, arguant que les patients se débrouilleraient très bien sans eux, mais la Cour suprême de la Colombie Britannique leur ordonna de retourner au travail immédiatement. Dix ans plus tard, l’association devint le Syndicat des employés gouvernementaux de la Colombie Britannique.

Toutes les structures psychiatriques de la Colombie Britannique, dont Riverview, eurent des problèmes de sous-effectifs dans les années 1960 et 1970. En janvier 1968, on ferma 40 lits à Riverview en raison du manque de psychiatres qualifiés. En 1974, le roulement du personnel psychiatrique dans la province était de 30 pour cent, 13 psychiatres de Riverview avaient démissionnés et on cherchait à recruter des infirmières du Royaume-Uni.

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