Weyburn

Weyburn

Imposant édifice institutionnel de plusieurs étages avec une grande allée devant

to be added

 

 

 

 

Nom(s) de l’institution:

Hôpital de Saskatchewan, Weyburn (Saskatchewan Hospital, Weyburn)

Fondé en 1921 sous le nom de Saskatchewan Mental Hospital, Weyburn

Devient Souris Valley Extended Care Hospital en 1971.

Année d’ouverture

1921 – Démolition approuvée en 2006 ; démoli en 2009

Lieu:

Weyburn, Saskatchewan

Période de désinstitutionnalisation:

1955-1971

Démographie des patients:

Services séparés par sexe, avec un service spécifique pour ceux considérées comme attardés mentaux. Au milieu des années 1940, la population de l’hôpital connut son sommet avec 2 500 patients.

Selon une étude sur la santé mentale des hôpitaux psychiatriques de la province réalisée en 1945 (avant l’ère de désinstitutionalisation en Saskatchewan), le nombre de patients était de 1445 au-dessus de sa capacité. Le 7 janvier 1963, la population était de 1  492 ; le 28 décembre 1970, elle se situait à 360.

Désinstitutionalisation:

Dès les années 1950, le Service de soins psychiatriques (Psychiatric Services Branch) (SSP) de Saskatchewan songeait à fermer l’Hôpital de Saskatchewan à Weyburn, ainsi que son homologue à North Battleford. La réduction du nombre de patients à Weyburn, amorcée à la fin des années 1950, était la conséquence directe de deux programmes : le «Plan Saskatchewan» provincial et une initiative institutionnelle spécifique à Weyburn, dirigée par Hugh Lafave.

Avec le Plan Saskatchewan, mis en œuvre par le SSP en 1955, la province fut divisée en huit régions. Plutôt que de compter principalement sur les deux hôpitaux psychiatriques provinciaux, on demanda aux régions de créer des centres psychiatriques basés sur des principes communautaires, ainsi que des systèmes d’aide tels que des unités psychiatriques dans des hôpitaux généralistes, centres psychiatriques, cliniques psychiatriques (pensionnats) et des cliniques psychiatriques à temps partiel (structures d’accueil à la journée).

Entrée imposant d'un vieil hôpital de brique
Entrée principale de l’Hôpital de Saskatchewan, après sa fermeture en 2007. (Musée historique Soo Line)

Même si le Plan Saskatchewan devint rapidement le modèle pour les futurs services psychiatriques de Saskatchewan, on ne l’adopta (partiellement) qu’après l’élection du Parti libéral en 1964. Le nouveau gouvernement mit en œuvre une politique ambitieuse de désinstitutionalisation, avec comme moteur la réduction des coûts. En plus, l’Hôpital psychiatrique de Weyburn développa un programme basé sur des alternatives à l’institutionnalisation de longue durée, telles que le développement de nouveaux traitements pour les patients et des liens vers des programmes de santé mentale hors de l’hôpital. En conséquence, de 1963 à 1970, le nombre de patients de l’hôpital chuta massivement.

En 1971, le gouvernement ferma l’Hôpital psychiatrique de Weyburn. En revanche, le bâtiment resta en place et les dirigeants décidèrent d’en convertir une partie en centre psychiatrique de 84 lits appelé l’Hôpital de soins prolongés de Souris Valley (un foyer d’accueil). On essaya de minimiser les conséquences économiques de la fermeture institutionnelle pour la communauté de Weyburn. En 2006, le gouvernement ferma définitivement l’hôpital et démolit le bâtiment en 2009.

Transinstitutionalisation:

Carte en noir et blanc de la Saskatchewan vers 1968 représentant les divisions régionales des services de santé mentale et leurs établissements
Zones d’influence des services psychiatriques (Mental Health Services Regions of Influence), 1968. (Province de la Saskatchewan)

En 1955, le Plan Saskatchewan appela à fermer les deux grands hôpitaux psychiatriques de la province et à développer un réseau de huit systèmes régionaux proposant des services à l’extérieur de l’hôpital et des liens vers les hôpitaux généralistes offrant des services psychiatriques (North Battleford, Prince Albert, Weyburn, Yorkton, Moose Jaw, Regina, Saskatoon, Swift Current). Les cliniques régionales proposaient des services en résidence, mais le but du SSP était de développer des services psychiatriques locaux à l’extérieur de l’hôpital et offrant un traitement et du soutien avec une plus grande inclusion de la famille et des amis.

Entre 1960 et 1963, l’Hôpital universitaire de Saskatoon organisa une enquête qui montra que de nombreux patients de longue durée en milieux psychiatriques pouvaient être aidés, pris en charge et soignés avec succès au sein des services psychiatriques d’un hôpital généraliste, pour ensuite retourner dans sa communauté.

De 1963 à 1971, l’Hôpital de Saskatchewan à Weyburn mit en place un nouveau programme qui offrait des alternatives aux traitements offerts dans les hôpitaux psychiatriques. Avec cette initiative, le personnel développa des programmes rigoureux pour les malades chroniques et commença à s’orienter davantage vers les centres de traitement régionaux, ce qui entraîna une forte diminution du nombre de patients au sein des deux structures provinciales de long séjour.

Lorsque l’Hôpital de Saskatchewan à Weyburn ferma en 1971, certains patients restèrent comme résidents au centre psychiatrique de 84 lits de l’Hôpital de soins prolongés de Souris Valley. De nombreux autres patients retournèrent dans leur région d’origine, sous la direction du SSP, et furent regroupés dans desrésidences, maisons d’accueil médicales et centres gériatriques. Le SSP plaça d’autres patients dans des «maisons approuvées», dans lesquelles des responsables sans formation ni expérience s’occupaient d’eux. L’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale affirma qu’il s’agissait d’institutions de garderie, dans lesquelles la qualité de vie était inférieure à celle dans les institutions psychiatriques plus importantes.

De la thérapie par le travail à l’ergothérapie:

Lors de son ouverture en 1921, les patients de l’Hôpital de Weyburn s’occupaient des fermes, jardins et animaux de l’hôpital, nettoyaient les locaux et s’adonnaient à la couture. En théorie, l’administration utilisa ces activités pour traiter les patients, tout en les maintenant actifs. En réalité, même si la thérapie par le travail reposait sur ces idéaux à l’origine, elle devint vite un moyen de réduire les dépenses de l’hôpital grâce au travail non rémunéré des patients.

Ancienne photo en noir et blanc représentant un homme assis devant une table sur laquelle se trouvent de multiples bobines de fil
Ergothérapie à Weyburn, 1953. (Archives personnelles de Michael Kesterton, non publiée. Autorisation de Michael Kesterton.)

Les deux hôpitaux provinciaux mirent fin à la pratique de travail des patients au début des années 1950, en raison des coûts grandissants de l’agriculture industrielle dans le contexte d’après-guerre,  d’une opinion publique de plus en plus défavorable à l’utilisation de patients comme main d’œuvre, et de la transformation du rôle de l’institution dans les services de santé mentale. Alors que le gouvernement provincial vendit toutes les terres agricoles de l’hôpital qu’il pouvait, Weyburn continua à proposer des formes d’ergothérapie  plus simples et ayant fait leurs preuves (comme la couture et la menuiserie). Mais de plus en plus, les activités axées sur les loisirs, qui visaient à aider les patients à tuer le temps, étaient perçues comme obsolètes et inadaptées aux patients, qui avaient besoin d’un emploi à leur sortie de l’hôpital.

Le personnel de Weyburn commença à mettre en place un programme récréatif comme service complémentaire aux services similaires que le personnel avait développé pour eux. La petite unité, conçue à l’origine pour permettre la réhabilitation physique aux patients, se transforma en un programme récréatif de marque. Tous les patients eurent le droit de participer à cette thérapie récréative, qui proposait de la gymnastiqueet des compétitions sportives impliquant des patients et des membres du personnel.

En 1957, la même année où le SSP annonça qu’il mettait en place un plan de fermeture de l’hôpital, l’Association psychiatrique américaine décerna à l’Hôpital psychiatrique de Saskatchewan àWeyburn le Prix du mérite (Award of Merit) pour sa façon de soigner les personnes souffrant de maladie mentale.

Du patient à la personne :

Ancienne photo en noir et blanc représentant un homme assis sur un lit dans un dortoir avec de grandes fenêtres
Dortoir à Weyburn, 1953. (Archives personnelles de Michael Kesterton, non publiée. Autorisation de Michael Kesterton.)

En 1954, un «conseil des patients» eut lieu à Weyburn, soutenu par l’administration de l’hôpital. Le conseil se chargea de l’organisation des activités pour les patients.

Avant les années 1950, le personnel rassembla les patients pour prendre part aux thérapies offertes – davantage dans le but d’aider le personnel que de favoriser le bien-être individuel du patient. Pendant la deuxième moitié des années 1950, alors que  les patients de Weyburn cessèreent de travailler et avaient davantage accès aux loisirs, le personnel commença à mettre sur pied des thérapies destinées à servir les besoins individuels de la personne sous traitement.

Le personnel durant la période de désinstitutionnalisation:

En 1948, la Saskatchewan développa un programme de soins infirmiers psychiatriques de deux ans. La première cohorte d’étudiantsgradua deux ans plus tard, marquant l’entrée en vigueur de qualifications standardisées dans le système psychiatrique provincial. A partir de 1960-61, la province mit en place un système de formation par bloc, qui donna lieu à un cursus de trois ans : deux années d’apprentissage  et une année destage. Cela permettait au programme d’infirmerie psychiatrique du Saskatchewan de ne pas perdre de terrain face aux écoles d’infirmerie généralistes du reste du pays.

Ancienne photo en noir et blanc représentant un médecin assis à côté d'un homme alité
Médecin et patient à Weyburn, 1953. (Archives personnelles de Michael Kesterton, non publiée. Autorisation de Michael Kesterton)

Avec la fermeture imminente de Weyburn et l’engagement de la  Saskatchewan sur la voix de la désinstitutionalisation, les infirmiers psychiatriques de l’hôpital de Weyburn exprimèrent des inquiétudes professionnelles. Le gouvernement libéral de Ross Thatcher décida d’employer ces infirmiers dans des programmes à l’extérieur de l’hôpital et organisa des services de suivi pour les anciens patients.

Pour autant, la désinstitutionalisation était synonyme de départ du plus gros employeur de la ville – une situation difficile. En pleine crise liée à la fermeture d’un bâtiment local, le gouvernement provincial diminua et gela les salaires, ce qui entraîna des protestations du personnel et un déclin de la qualité des soins au sein d’un hôpital en pleine débâcle.

Bibliographie:

Dickinson, H. D. The Two Psychiatries: The Transformation of Psychiatric Work in Saskatchewan, 1905–1984. Regina: Canadian Plains Research Centre, 1989.

Dooley, C. “The End of the Asylum (Town): Community Responses to the Depopulation and Closure of the Saskatchewan Hospital, Weyburn.” Historie Sociale/Social History 44, no. 88 (2011): 331–354.

Dyck, E. “Spaced-Out in Saskatchewan: Modernism, Anti-Psychiatry, and Deinstitutionalization, 1950–1968.” Bulletin of the History of Medicine 84, no. 4 (2010): 640–666.

Hincks, C. M. Mental Hygiene Survey of Saskatchewan. Regina: Thomas A. McConnica, King’s Printer, 1945.

Marchildon, G. “A House Divided: Deinstitutionalization, Medicare and the Canadian Mental Health Association in Saskatchewan, 1944–1964.” Histoire Sociale/Social History 44, no.88 (2011): 305–330.

Province of Saskatchewan. Annual Report of the Department of Public Health. Regina: Department of Public Health, 1967–1968.

Richert, L., and B. Wickham. “Sports and Recreation as Medicinal: Saskatchewan Hospital, Weyburn, in the 1950s.” Saskatchewan History 65, no. 1 (2013): 12–17.