Son dossier médical
Devenue orpheline de père à 12 ans, Marguerite-Marie, souffrant d’épilepsie, est internée à l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu Son dossier ressemble au millier d’autres conservés dans les archives. Vingt-neuf années de vie sont rapidement parcourues en feuilletant une trentaine de pages seulement. La lecture de son dossier permet de découvrir, lors de l’admission, que Marguerite-Marie fait bonne impression auprès des psychiatres. Elle répond avec talent et discernement aux questions qui lui sont posées, comme en atteste le verbatim de l’assemblée des médecins du 15 octobre 1921.
Il faut préciser que les notes inscrites au dossier par les aliénistes, les religieuses ou les gardes-malades sont occasionnelles. Les différents formulaires qui composent le dossier de Marguerite-Marie révèlent peu d’informations sur la jeune fille qui devient une femme
et comment elle tue le temps en institution. Néanmoins, un constat est clairement établi le 6 octobre 1926 : aucune crise d’épilepsie depuis deux ans et la patiente ne présente aucune aberration psychique ni affective : « Il ne semble pas nécessaire de prolonger son séjour ». Bien que
Marguerite-Marie bénéficia, en 1924, d’un congé d’essai parmi les siens, elle sera retournée à Saint-Jean-de-Dieu pour y demeurer jusqu’à son dernier souffle. Nous pouvons seulement supposer que la garde de Marguerite-Marie était une trop grande charge pour sa mère. Celle-ci était seule pour gagner la vie de sa famille et ne pouvait que difficilement assurer une surveillance étroite sur les allers et venue de Marguerite-Marie pouvant être victime d’une crise d’épilepsie à tout moment. Les notes médicales et d’évolution mentale qui suivent révèlent une Marguerite-Marie jeune adulte de plus en plus irascible, rageuse et même violente. Ses crises d’épilepsie se manifestent plus souvent et Marguerite-Marie semble souffrir de la présence des autres patientes autour d’elle et le manifeste en leur infligeant des coups. Au cours de la décennie 1940, les notes consignées au dossier concernent surtout un foyer pneumonique pour lequel Marguerite-Marie passe des examens médicaux.
À l’âge de 40 ans, ses chutes épileptiques sont maintenant hebdomadaires. Malgré tout, Marguerite-Marie « lit, travaille, s’occupe ». Nous avons trouvé des travaux de broderie et de petit-point réalisés par Marguerite-Marie et remis en cadeau à sa sœur Cécile. En voici quelques échantillons conservés dans les archives familiales.
Marguerite-Marie décède le 15 août 1950 à l’âge de 41 ans d’une tuberculose pulmonaire.