Contexte historique
Des journaux produits par des patients, comme The Reversing Falls Review au Nouveau-Brunswick et The Leader en Colombie-Britannique étaient caractéristiques de la fin de la période institutionnelle, mais la véritable culture survivante n’a pu émerger au sein des grands établissements psychiatriques. La création artistique est un résultat immédiat du passage vers des soins de santé mentale communautaires. L’expression culturelle offrait un potentiel de guérison en permettant aux anciens patients de se réapproprier leur propre expérience à travers l’art, mais dès le début elle permit des implications politiques plus larges. Des artistes «fous» de toutes sortes ont conscientisé le public sur les conséquences de la psychiatrisation et les lacunes du système de santé mentale. Les survivants psychiatriques se sont joints aux mouvements féministe, transgenre, anti-raciste et autres groupes progressistes afin de lutter contre les structures en place et les valeurs dominantes.
Face à un discours public sur les questions psychiatriques dominé par les professionnels, des survivants psychiatriques ont commencé à réclamer leur voie au chapitre, se positionnant ainsi comme des «experts» de la santé mentale. Refusant de vivre dans la honte et le secret, comme on les a souvent encouragés à le faire, les survivants psychiatriques ont décidé de s’exprimer, de faire de l’art et de créer une communauté. Ce fut un processus riche. Sheila Gilhooly, une des premières artistes en arts visuels au Canada à faire part de son vécu psychiatrique a ainsi déclaré : «Quand vous exposez quelque chose, personne ne peut l’utiliser contre vous». Au cours des années 1970 et 1980, des journaux et magazines de psychiatrisés ont fait leur apparition : In a Nutshell, Phoenix Rising et Our Voice/Notre Voix. Des livres racontant leurs récits ont ensuite été publiés par des maisons d’édition alternatives, ouvertes à ces voix dissonantes. Des expositions artistiques, des projections de films, des projets théâtraux et autres manifestations culturelles se sont ensuite ajoutés à ce qui fut d’abord exprimé à l’écrit. Cette exposition ne présente qu’un survol de six des innombrables projets culturels ayant été réalisés à travers le canada depuis les années 1970.