Équité et identité

Équité et identité

La question de la folie est une dimension parfois tue, mais toujours présente au sein de la culture survivante. Dans le projet Still Sane, bien que les deux artistes s’identifient comme survivantes, elles ont constaté que les spectateurs et les critiques avaient tendance à réagir différemment face à chacune d’elle car l’expérience de survivante de Sheila était davantage exposée que celle de Persimmon. Aussi, des différends se sont parfois manifestés dans la réalisation d’activités culturelles de Solidarité-Psychiatrie entre les membres ayant été psychiatrisés et des intervenants n’ayant pas de vécu psychiatrique. Dans d’autres projets, tels que Maladjusted, les participants ont fait savoir qu’ils ne croyaient pas à l’existence d’un fossé entre les survivants et non-survivants, et les survivants impliqués ont trouvé l’expérience gratifiante.

Dans un espace culturel avec des visées explicites de justice sociale, l’équité doit être perçue comme un enjeu complexe. Au sein de la culture survivante, l’art a été utilisé comme un moyen d’explorer le croisement entre les inégalités en santé mentale et d’autres formes de discrimination et d’ostracisme. Le projet Crazymaking et certains textes de Shrink Resistant mettent en relief les effets de la colonisation sur la santé mentale des peuples autochtones. De même, le projet Still Sane met l’accent sur le traitement subi par les personnes LGBT dans les établissements psychiatriques à travers l’histoire. Les projets présentés ici ouvrent tranquillement la voie à une meilleure compréhension de la façon dont le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, les handicaps et les conditions économiques, entre autres formes d’oppression, affectent un diagnostic de santé mentale.

La plupart des projets présentés dans cette exposition ont été initiés et achevés par des personnes s’identifiant comme survivants psychiatriques, bien que tous n’utilisent pas cette appellation. Certains préfèrent se décrire comme des bénéficiaires, un terme qui cadre mal avec l’histoire engagée et militante racontée ici. D’autres, particulièrement les jeunes artistes du projet Crazymaking, ne s’identifient à aucun terme spécifique lié à la santé mentale. Bien qu’il soit imparfait et rarement utilisé en français, nous avons choisi d’utiliser le terme «survivant» car il reste celui qui semble le mieux décrire la réalité partagée par les personnes ayant participé aux projets présentés ici.